Gastroenterol Clin Biol, 1997, 21, 820-822 Effet du respect du jeûne diurne du Ramadan sur la cicatrisation de l’ulcère duodénal par lansoprazole Résultats d’une étude prospective contrôlée Service de Gastroentérologie, Hoˆpital Sahloul, Sousse, Tunisie.Objectifs. — Les buts de cette étude étaient : a) déterminer si lesEffect of the observance of diurnal fast of malades ayant un ulcère évolutif du bulbe, traités par unRamadan on duodenal ulcer healing with lanso- inhibiteur de la pompe à protons, peuvent observer le jeûneprazole. Results of a prospective controlled diurne au cours du mois de Ramadan, b) évaluer le résultatclinique et endoscopique du traitement.Objectives. — The aims of this study were : a) to determineMéthodes. — Cinquante-sept malades ayant un ulcère évolutifwhether patients with duodenal ulcer treated with a protondu bulbe à l’endoscopie ont été inclus. Tous les malades étaientpump inhibitor may fast during the month of Ramadan, b) totraités par 30 mg/j de lansoprazole durant 4 semaines ; aprèsevaluate the result of the treatment in this condition.randomisation, les malades du groupe I (n = 27) n’observaientpas le jeûne diurne alors que ceux du groupe II (n = 30)Methods. — Fifty-seven patients with acute duodenal ulcerjeûnaient. Une endoscopie était réalisée en fin du mois de jeûne.confirmed by endoscopy were included in the study. All thepatients received 30 mg lansoprazole per day during 4 weeks.Résultats. — Sous traitement, l’évolution des symptômes était laAfter randomization, patients of group I (n = 27) weremême dans les 2 groupes. Il n’y avait pas de complication et lesdispensed from fasting, while those of group II (n = 30) fasted.taux de cicatrisation à la fin du mois de jeûne étaient de 88,8 %Endoscopy was performed at the end of the month of the fast.et 90 % dans les groupes I et II (NS). Le jeûne n’influençait pasResults. — The course of symptoms was not different in groupsle résultat du traitement de l’ulcère duodénal par le lansopra-I and II. There were no ulcer complications. Healing rates atendoscopy were 88.8 % and 90 % in groups I and II,Conclusion. — Le jeûne est possible et sans risque pour lesrespectively. Fasting had no influence on the result of duodenalmalades ayant un ulcère duodénal évolutif traité par lansopra-ulcer treatment by lansoprazole which was well tolerated.Conclusion. — Patients with duodenal ulcer treated withlansoprazole may fast without running any risk.Mots-clés : Ulcère duodénal — Ramadan — Jeûne — Lansoprazole. Key words: Duodenal ulcer — Ramadan — Fast — Lansoprazole.
Au cours du mois de Ramadan, tout musulman doit
qui prescrit habituellement un antisécrétoire pendant la
observer un jeûne diurne en s’abstenant de boire et de
manger tous les jours du mois, du lever au coucher du
Le but de notre étude était de préciser la tolérance du
soleil. Le jeûne commence à l’aube, précédé par une
jeûne diurne au cours du mois de Ramadan chez des
collation légère ; il s’interrompt par un repas principal
malades ayant un ulcère duodénal évolutif traités par un
consistant. Certaines personnes sont dispensées du jeûne :
antisécrétoire puissant, ainsi que le résultat du traitement
enfants, malades, personnes en voyage et femmes
enceintes, allaitantes ou en période de menstruation (1).
Le mois du Ramadan est marqué par une recrudes-
cence des poussées de la maladie ulcéreuse et une
augmentation du nombre d’hospitalisations pour compli-cations à type d’hémorragie digestive ou de perforation
Notre étude comparait deux groupes de malades, tous
porteurs d’un ulcère duodénal évolutif confirmé par une
Pour ces raisons, le jeûne est toujours déconseillé aux
endoscopie digestive haute faite au cours de la semaine
ulcéreux. Cependant, pour des motifs religieux, certains
précédant le mois de Ramadan. Les malades des deux groupes
malades ne désirent pas suivre les conseils du médecin,
étaient traités par une dose quotidienne de 30 mg de lansopra-zole durant 4 semaines (Lanzor® 30 mg, Laboratoires Houdé). Les malades du groupe I (n = 27) n’observaient pas le jeûnediurne alors que ceux du groupe II (n = 30) jeunaient.
La randomisation était effectuée après l’endoscopie et le
Correspondance et tirés à part : A. MEHDI, 138, avenue
consentement du malade. Les malades devaient être âgés de
Habib-Bourguiba, 5100 Mahdia, Tunisie.
moins de 70 ans et indemnes de toute maladie chronique ou
Article reçu le 20 janvier 1997, accepté le 30 juillet 1997.
cancéreuse contre-indiquant le jeûne.
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CICATRISATION DE L’ULCÈRE DUODÉNAL PAR LANSOPRAZOLE AU COURS DU RAMADAN
Tous les malades avaient une évaluation clinique la veille du
La douleur ulcéreuse disparaissait dès le premier jour
jeûne (J0), deux semaines plus tard (J14) et à la fin du mois
de traitement dans 73,1 % et 56,7 % des cas chez les
(J30). La consultation de J14 permettait de préciser rétrospec-
malades des groupes I et II, respectivement (P = 0,28)
tivement le délai de disparition de la douleur ulcéreuse. Uneendoscopie était réalisée à J0 et à J30.
Pour les malades devant jeûner (groupe II), le protocole
prévoyait une rupture du jeûne en cas de persistance de ladouleur ulcéreuse au delà du 3e jour du traitement, ou en cas de
Tableau 2. — Délai de disparition de la douleur et taux de cicatrisation
majoration de son intensité. Un bilan sanguin était réalisé avant
inclusion dans l’étude (glycémie, azotémie, créatininémie, taux
Time to pain disappearance and rates of ulcer healing.
de prothrombine et activité sérique des transaminases), dans lebut d’exclure les malades ayant une tare viscérale contre-
La tolérance du jeûne était jugée sur l’intensité des
symptômes à J0, J14 et J30 ainsi que sur le délai de disparition
de la douleur après le début du traitement. Les symptômes
Délai de disparition de la douleur (jours)
(douleur ulcéreuse diurne et nocturne, nausées, vomissements,
anorexie et constipation) étaient évalués à chaque consultation
Tous les malades prenaient le lansoprazole la nuit, sans
horaire fixe. La plupart des malades appliquant le jeûne diurne
prenaient leur traitement au cours de la deuxième moitié de la
nuit. Certains ne se réveillaient pas avant l’aube pour le
deuxième repas et prenaient le traitement au coucher.
La période d’étude correspondait au mois de Ramadan de
1996, allant du 21 janvier au 19 février (30 jours). La durée dujeûne diurne variait de 13 à 14 heures selon qu’il s’agissait du
La cicatrisation de l’ulcère était obtenue chez 88,8 % et
90 % des malades des groupes I et II respectivement
Les comparaisons statistiques entre les 2 groupes ont été
faites par le test du χ2 et une valeur p < 0,05 a été considéréecomme significative.
Deux malades du groupe II avaient interrompu le
jeûne. L’un était un homme de 21 ans, asymptomatique. L’autre était un homme de 41 ans qui avait mis fin aujeûne en raison de la persistance des douleurs épigastri-
ques au-delà de 8 jours ; l’interruption du jeûne et lapoursuite du traitement n’avaient pas modifié les dou-
Cinquante-sept malades ont été inclus dans l’étude.
leurs. L’endoscopie montrait que l’ulcère était cicatrisé.
Pendant cette période, quatre autres malades n’ont pu être
L’échographie abdominale et l’amylasémie étaient nor-
inclus, en raison de leur refus de ne pas respecter le jeûne
si le tirage au sort l’exigeait. Le groupe I (absence de
La figure 1 résume l’évolution de l’intensité des
douleurs diurnes dans les 2 groupes. La douleur nocturne
6 femmes ; âge moyen 39,3 ans, extrêmes : 20-65 ans).
(85 et 97 % de malades sans douleur à J14 vs 30 et 23 %
Trente malades (24 hommes, 6 femmes) d’âge moyen
à J0 dans les groupes I et II, respectivement), les nausées
46 ans (extrêmes : 25-68 ans) étaient inclus dans le
et/ou vomissements (absents chez 96 et 93 % des malades
groupe II, observant le jeûne. Le bilan biologique
à J14 vs 52 et 43 % à J0, respectivement), la constipation
préinclusion était normal chez tous les malades. Le
(présente chez 15 et 13 % des malades à J14 vs chez 37
tableau 1 résume l’ancienneté de la maladie ulcéreuse et
et 47 % à J0, respectivement) évoluaient de façon
la fréquence annuelle des poussées.
statistiquement non différente dans les 2 groupes.
Enfin, aucune complication de la maladie ulcéreuse
n’était observée, notamment parmi les malades ayant
Tableau 1. — Ancienneté et incidence des poussées de la maladieDuration of ulcer disease and incidence of attacks in the 57 patients.
(non respect du jeûne) (respect du jeûne)
Les complications de la maladie ulcéreuse duodénale
sont l’hémorragie digestive, la perforation et la sténose du
pylore. L’épidémiologie de ces complications est bien
connue (2-5). L’effet du jeûne diurne du mois de
Ramadan sur l’évolution de l’ulcère duodénal a fait
l’objet de plusieurs communications, non publiées, lors
du premier Congrès Maghrébin de Gastroentérologie
(1991) et du premier Congrès International « Ramadan et
Santé » (1994). Il a été constaté que le Ramadans’accompagne d’une recrudescence des poussées de
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corrélée à sa concentration sérique (10). Son action peutdurer jusqu’à 36 heures. Une prise unique quotidienne etrépétée de 30 mg assure une inhibition antisécrétoirepuissante et de longue durée.
Notre étude montre que les malades ulcéreux duodé-
naux peuvent jeuner dans des conditions de sécuritésatisfaisantes, sous traitement par 30 mg/j de lansopra-zole. Aucune complication n’a été observée. Les taux decicatrisation de l’ulcère sont analogues, dans ces condi-tions, à ceux rapportés en dehors du jeûne : 93 à 94 % à4 semaines (12, 13).
En conclusion, le jeûne du Ramadan est possible chez
les malades porteurs d’un ulcère duodénal évolutif. Il nemodifie pas le résultat clinique et endoscopique dutraitement par le lansoprazole.
Les auteurs remercient le Groupe Hoechst Marrion Roussel.
Tunisie pour la fourniture du lansoprazole aux malades de cetteétude. Fig. 1. — Evolution de l’intensité de la douleur ulcéreuse diurne enfonction de la durée du traitement. Aucune différence entre lesCourse of ulcer pain intensity according to the duration of treatment.
1. Rashed AH. The fast of Ramadan. Br Med J 1992;304:521-2. None of the differences between the groups were significant.
2. Boey J, Wong J, Wong GB. A prospective study of operative risk
factors in perforated duodenal ulcers. Ann Surg 1982;195:265-9.
3. Elashoff JD, Grossman MI. Trends in hospital admissions and death
la maladie ulcéreuse et d’une augmentation du nombre
rates for peptic ulcer in the United States from 1970 to 1978.
4. Griffin GE, Organ CH. The natural history of the perforated
digestives, perforations) par rapport aux autres périodes
5. Kurata JH, Honda GD, Frankl H. Hospitalization and mortality
Pour ces raisons, les ulcéreux sont dispensés d’appli-
rates for peptic ulcers: a comparison of a large health maintenance
quer le Ramadan, durant lequel le jeûne entraîne une
inversion chronologique des habitudes alimentaires. Le
6. Hakkou F, Tazi A, Iraqui L, Celice-Pingaud C, Vatier J.
jeûne est diurne et peut durer plusieurs heures selon la
L’observance du Ramadan et son retentissement sur la sécrétion
période de l’année et selon les pays. Il serait responsable
gastrique. Gastroenterol Clin Biol 1994;18:190-4.
d’une hypersécrétion gastrique acido-peptique d’origine
7. Hongo M, Ohara S, Hirasawa Y, Abe S, Asaki S, Toyota T. Effect
of lansoprazole on intragastric pH. Comparison between morning
vagale secondaire à l’hypoglycémie (6). L’absence d’effet
and evening dosing. Dig Dis Sci 1992;37:882-90.
tampon des aliments majore l’agressivité du contenu
8. Delhotal-Landes B, Cournot A, Vermerie N, Dellatolas F, Benoit M,
Flouvat B. The effect of food and antacids on lansoprazoleabsorption and disposition. Eur J Drug Metab Pharmacokinet
Le choix d’un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) a
été motivé par les propriétés pharmacocinétiques et
9. Moules I, Garrett A, Blockleband D, Oliver S. Gastric acid
pharmacodynamiques de cette classe d’antisécrétoires,
inhibition by the proton pump inhibitor lansoprazole is unaffectedby food. Br J Clin Res 1993;4:153-61.
permettant une inhibition maximale et durable de la
10. Barradell LB, Faulds D. Lansoprazole: a review of its pharmaco-
sécrétion acide gastrique, et assurant ainsi des conditions
dynamic and pharmacokinetic properties and its therapeutic
de sécurité satisfaisantes pour nos malades. L’efficacité
efficacy in acid-related disorders. Drugs 1992;44:225-50.
11. Moules IK. Lansoprazole: pharmacokinetics and pharmacodyna-
des IPP ne varie pas avec l’horaire de prise, matinal ou
mics. Br J Clin Pract 1994;suppl:41-7.
vespéral (7), pré-ou postprandial (8, 9).
12. Hawkey CJ, Long RG, Bardhan KD, Wormsley KG, Cochran KM,
Christian J, et al. Improved symptom relief and duodenal ulcer
Chez l’homme, l’inhibition de la sécrétion acide atteint
healing with lansoprazole, a new proton pump inhibitor, compared
80 % après la première prise de 30 mg de lansoprazole
with ranitidine. Gut 1993;34:1458-62.
per os et 90 % après 7 jours de traitement à cette
13. Petite JP, Slama JL, Licht H, Lemerez M, Coste T, Andrieu J et al.
Comparaison du lansoprazole (30 mg) et de l’oméprazole (20 mg)
posologie (10, 11). La demi-vie du lansoprazole est
dans le traitement de l’ulcère duodénal. Gastroenterol Clin Biol
comprise entre 1,3 et 1,7 heure. Son efficacité n’est pas
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oanalysis • Products for Life Sciences Research and Bioanalysis • Products for Life Sciences Neur N oc eurochemicals hemicals Newsletter Neurochemicals Newsletter Newsletter 1/2007 New Products for Neurosciences Research • 17-AAG (Cat. No. BN0677) - HSP90 inhibitor • β -Ala-Lys(AMCA) (Cat. No. BP0352) - Reporter molecule for stud
MEDICAL TERMINOLOGY The Nervous System Chapter 13 Unit 2 1.0 Amyotrophic Lateral Sclerosis (ALS; Lou Gehregs disease) A common motor neuron disease causing degeneration of the upper motor nerves in the medulla oblongata and the lower nerves in the spinal cord. This results in atrophy of the muscles. Onset occurs between the ages of 40-70 and is usually fatal within 3-10 years du